L’espace de rassemblement
Pour que l’école puisse jouer pleinement son rôle de petite ville, de lieu d’apprentissage d’urbanité, il lui faut disposer d’espaces collectifs conçus pour permettre la réunion de plusieurs groupes au-delà des classes. Les concepteurs de ces espaces de rassemblement sont souvent confrontés au dilemme de la polyvalence.
La majorité des écoles primaires récemment construites au Québec possède un espace polyvalent qui sert à la fois de salle à manger et d’espace pour le service de garde. Toutefois, contrairement à de nombreuses écoles secondaires et à la différence des espaces universitaires, les écoles primaires ne comportent pas d’auditorium. Les grands rassemblements ainsi que les spectacles et les présentations des élèves ont généralement lieu dans le gymnase de l’école, voire dans la salle à manger.
Dans les concours du Lab-École, les programmes architecturaux (sauf celui de Maskinongé) allouent une superficie conséquente pour la conception d’un espace de rassemblement distinct des superficies accordées à la salle à manger et à la cuisine. Si les programmes élaborés à Rimouski, Saguenay et Shefford dédient un espace de 100 m2 aux activités collectives, c’est le programme du concours de Gatineau qui offre la superficie la plus généreuse avec 300 m2, incluant une scène de 100 m2. Il est clair que l’espace de rassemblement se trouve à la croisée entre les attentes suscitées par les groupes de concertation et les impératifs financiers imposés par les ministères, qui contraignent le dessin des espaces éducatifs.
L’espace de rassemblement doit bien entendu être conçu comme un lieu très ouvert pouvant répondre à de multiples usages. Il peut s’agir d’un lieu de socialisation, d’une grande zone de lecture, d’une aire de circulation, d’un espace pédagogique alternatif.
L’intégration de gradins – ingrédient incontournable de la stratégie élaborée par le Lab-École – marque d’une empreinte forte les projets des cinq concours, bien qu’elle ne soit imposée que dans quatre de ceux-ci. Malgré cette imposition, les architectes ont montré que cette disposition architecturale pouvait prendre de nombreuses formes et donner lieu à des typologies spatiales variées.
L’ajout de larges gradins permet en particulier que l’espace de rassemblement soit facilement transformable en lieu de présentation pour des spectacles ou des cérémonies. Un espace ouvert avec des gradins s’offre de fait comme lieu de socialisation et de rencontre. Il peut accueillir des concerts, des pièces de théâtre et des spectacles d’élèves, bien qu’il n’offre pas toujours le confort acoustique et visuel d’un véritable auditorium. En comparant les déclinaisons de l’espace de rassemblement, tant dans les propositions lauréates que dans celles qui sont finalistes, certains dilemmes auxquels se confrontent les équipes de conception deviennent évidents. Entre des espaces dédiés à des activités très précises et des « espaces à tout faire », les architectes doivent harmoniser les propositions. La polyvalence des dispositifs spatiaux a ses qualités, mais elle peut rapidement démontrer ses limites.
« Il est clair que l’espace de rassemblement se trouve à la croisée entre les attentes suscitées par les groupes de concertation et les impératifs financiers imposés par les ministères, qui contraignent le dessin des espaces éducatifs »
L’agora des saveurs
L’agora de saveurs est le point de rassemblement permettant de manger tous ensemble. C’est un lieu vivant à l’heure du repas, mais également au courant de la journée, grâce aux espaces polyvalents. L’espace pour manger devient alors un lieu de transition et non une destination.
Extrait de la publication du Lab-École : Penser l’école de demain, mars 2019
Texte et recherche réalisé par Jean-Pierre Chupin, commissaire et Alexandra Paré, professeure du primaire et doctorante en architecture.