En quelques clics et en appuyant sur quelques touches, les designers, architectes et artistes transforment des matériaux indisciplinés en formes sculptées avec précision, créant des mondes imaginaires sous forme de paysages pixellisés et des visions immersives animées par des algorithmiques et l’action humaine. Grâce aux logiciels, les matériaux, les images et les actions sont devenus à la fois calculables et concevables. Mais comment le design est-il devenu informatique ? C’est la question qu’explore l’exposition Vers un imaginaire numérique, qui ouvre le 15 septembre au Centre de design de l’UQAM.

En combinant des documents historiques rares et visuellement frappants avec une sélection d’œuvres d’art contemporain, Vers un imaginaire numérique révèle comment les technologues du XXe siècle aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne ont interprété le design à l’aide d’idées et de méthodes informatiques, et comment les artistes, les architectes et les designers ont adopté – ou adapté – l’informatique comme véhicule d’expérimentation matérielle, visuelle et conceptuelle. Pour ce faire, l’exposition présente des dessins, des films et des photographies inédits ou moins connus, illustrant les idées et les technologies formatrices de l’infographie, de la commande numérique et de la conception assistée par ordinateur, en conversation avec les travaux de designers, d’architectes et d’artistes qui travaillent aujourd’hui avec l’informatique. En outre, l’exposition comprend une série de reconstitutions interactives expérimentales de certains des premiers systèmes de conception assistée par ordinateur, dont le Sketchpad d’Ivan Sutherland et le HIDECS 2 de Christopher Alexander et Marvin Manheim, permettant aux visiteurs d’expérimenter directement les aspects visuels, tactiles et sensuels de ces technologies transformatrices, ou d’entrer dans leur logique algorithmique.
Réunis en un parcours visuel, ces matériaux montrent comment, outre les nouvelles technologies, l’émergence des ordinateurs numériques au XXe siècle a également donné naissance à de nouveaux langages visuels et matériels, ainsi qu’à de nouvelles conceptions du design et de la créativité.
Sont exposées les œuvres de trente créateurs, dont Kristy Balliet et Kelly Bair, Phillip Beesley, Joanna Berzowska, Dana Cupkova, Felicia Davis et Delia Dumitrescu, Golan Levin, Zach Lieberman, Rafael Lozano-Hemmer, Leslei Mezei, Frieder Nake, George Stiny, Jer et Diane Thorp, et Elizabeth Vander Zaag. Les documents historiques comprennent plus de 150 articles provenant de collections personnelles et d’archives d’institutions de recherche telles que le Massachusetts Institute of Technology, l’Université de Cambridge, Carnegie Mellon, l’Université de Toronto, l’Université de Waterloo et Bell-Northern Research, Canada.
Vers un imaginaire numérique élargit et adapte au contexte canadien l’exposition Designing the Computational Image, Imagining Computational Design, qui a vu le jour au Miller Institute of Contemporary Art de Pittsburgh, élaborée par le commissaire Daniel Cardoso Llach, professeur associé d’architecture à l’université Carnegie Mellon. Au Centre de design de l’UQAM, l’exposition est considérablement élargie grâce à de nouveaux matériaux issus de l’histoire du design informatique au Canada, découverts par la co-commissaire Theodora Vardouli, professeure agrégée à l’École d’architecture Peter Guo-hua Fu de l’Université McGill, ainsi qu’à une sélection d’œuvres contemporaines de concepteurs, d’architectes et d’artistes canadiens spécialisés en informatique. De plus, le professeur Nicolas Reeves (UQAM) a contribué à titre de conseiller local de l’exposition.
